Jan des merveilles

Jan ne se lasse pas de raconter le jour où le soleil avait nommé sa fille. Quand Claire Belle s’en va plus tard travailler à la ville, enveloppée de rumeurs et de mystère, son père se dit que son destin ne peut être que merveilleux. Entre amour et folie, entre le Ciel et la Terre, entre une fille et son père, le récit de Jan des Merveilles est là pour nous faire chavirer car, comme le dit Jan : « Quand on ne sent pas son cœur battre, ni dans la tristesse ni dans la joie, on n’est pas tout à fait vivant. »

C’est ce rêve, fait alors que je suis en tournée dans les Monts du Lyonnais au printemps 1994, qui me décide à oraliser le roman de Selma Lagerlöf, L’empereur du Portugal. Le matin même, je m’empressais de téléphoner à Elisabeth Crusson, metteure en scène au théâtre Athénor de Saint-Nazaire pour lui dire que je voulais en faire mon prochain spectacle. La présence des étoiles dans mon rêve est très signifiante à mes yeux.
Après mon spectacle en patois, je réalise un virage à 180°. Comme souvent, je me laisse guider par mon intuition. Je souhaite écrire, créer, puis conter ce que j’ai écrit et créé. C’est une amie, qui me parle de ce roman après l’avoir résumé à son compagnon. En effet, après avoir écouté son compte-rendu enthousiaste, ce dernier lui dit que je devrais le mettre en spectacle. Je le lis à mon tour : je suis bouleversée mais je n’ai aucune idée de la mise en œuvre. Le défi me plaît.

Je vais cependant jouer sur les mots en appelant mon spectacle Jan des Merveilles. Jan est le prénom du héros de Selma Lagerlöf mais les Gens des merveilles sont les conteurs en breton. C’est ma façon de tisser un lien avec mon spectacle précédent. D’autre part, si ce roman m’a bouleversée, c’est qu’il me touche à différents niveaux : le milieu très modeste auquel appartiennent les protagonistes, la relation aimante d’un père et de sa fille, la nécessité vitale d’en passer par l’imaginaire, fût-ce au dépens de la santé mentale, seule façon de ne pas mourir.

En écrivant mon spectacle, il se passe pour moi la même chose que pour un enfant écoutant un conte : je m’identifie, je reconnais mes contradictions, je circonscris mes ambiguïtés, je signe un pacte avec mon vécu. Je le symbolise et panse mes blessures. J’appelle la femme de Jan, Ana du nom de ma propre mère, Anna, décédée trois ans plus tôt. Je réhabilite notre relation complexe à titre posthume.

Je fais marcher mon héros comme mon père, les bras écartés à l’inverse d’un soldat. Je parle de mon père, de ma mère, de mes liens avec eux mais je ne les raconte pas. Je les fais vivre le temps du conte comme lorsque je rêve d’eux : ils sont vivants le temps du rêve. Ce n’est ni du témoignage ni de l’intime. Je pars de ma réalité mais le public n’a pas besoin de connaître la réalité du conteur, inspiratrice de son imaginaire. A son tour, le spectateur va faire coïncider l’imaginaire de ce dernier avec sa propre réalité comme des situations probables mais abordées de manière non frontale grâce à la distance créée par la narration.

Je continue d’explorer la liberté du conteur, je mesure le pouvoir de l’imaginaire et j’expérimente la jubilation de la création.

Gigi Bigot

Source : Librement adapté du roman, “L’empereur du Portugal “, Selma Lagerlöf

Un talent qui, au-delà du métier, a laissé passer le plaisir de raconter de Gigi Bigot : celui de dire, celui des mots, des phrases, celui de passer d’un sentiment à l’autre par le verbe, de l’émotion la plus pure au rire. Tout ce qui fait la force d’un conte. Presse-Océan

Pendant un peu plus d’une heure, les mots ont virevolté, nous ont émerveillés et nous ont laissé une mélodie douce et profonde qui nous a accompagnés au-delà du spectacle. Journal de l’Alliance française

de Gigi Bigot musique Gaëlle-Sara Branthomme illustration Valérie Dumas I collection Résonances I format Livre audio 1 CD, 140 x 190 mm I durée 65 mn I langue Français
Support CD + téléchargement 17 € I Téléchargement 7.99 €

Référence : ODL949 – EAN & ISBN 9782376110576

Vous aimerez peut-être aussi…

9,9917,00 TTC