L’histoire est celle du Sultan Toufou qui a de superbes dattes sur le dattier de son jardin. Or une idée pernicieuse lui grignote la cervelle : si un voleur venait à les cueillir avant que je puisse en profiter moi-même. Ce conte est écrit et interprété par François Vincent. Car l’auteur, avant tout musicien, était le mieux placé pour traduire vocalement et musicalement l’humour des péripéties avec les fils qui sont dépêchés successivement pour surveiller le dattier pendant la nuit avant la cueillette. On se doute que tous vont faillir à leur mission. Tout se déroule alors de manière hilarante. Il faut entendre ce Sultan devenu maboule répéter la phrase que chacun des fils marmonne successivement après sa nuit de garde, la tête dans les babouches : « Ya pus d’dattes, papa ». La guitare sur fond de reggae joue sur elle-même, avec tous les modes de jeu qui permettent de porter le récit. Les percussions accompagnent astucieusement le récit. Il y a surtout la musique de la voix, qui voyage entre confidence, remontrance, satisfaction, fausse hésitation, passion, et aussi parlé-rythmé, parlé-chanté, parlé-théâtralisé, et cent autres formes qui vont au-delà des catégories habituelles du discours et du chant. François Vincent réussit le difficile pari où tous les éléments s’imbriquent avec nécessité les uns dans les autres sans qu’aucun ne puisse être soupçonné d’être simplement le faire-valoir de l’autre.