La femme moustique

Les contes kabyle, palestinien et syrien dont le récit s’inspire sont riches de symboles. Ils continuent de parler de ce qui m’est cher et chair dans mes recherches précédentes : le lien de la mère à l’enfant, et le chemin que ce dernier doit parcourir, fait de naissances et d’épreuves multiples, pour grandir. Mais il parle aussi de la difficulté à se positionner dans un univers où un pouvoir est exercé par l’un sur l’autre, que ce soient les dictatures mondialement nommées, ou les pressions plus tacites que nous croisons tous les jours dans notre quotidien : à quel personnage de l’histoire nous identifierions-nous dans de tels cas … la mère résistante ? Les femmes victimes ? Le roi aveugle et inactif ? L’armée collaboratrice ? L’ogresse Moustique toute puissante ? Ou l’enfant salvateur ? Sans jugement aucun, tant les choix demandent parfois beaucoup de force et de courage intérieur, le conte balaye les multiples possibles qui nous habitent. Ce récit porte, en toile de fond, le drapeau tacite d’une actualité brûlante : celle d’une dictature bien trop prégnante, de la femme trop souvent muselée, et d’un optimisme résistant ; toujours salvateur.

Dans une situation volontairement universelle et intemporelle, dans une forme épurée et exigeante, et dans une adresse directe, le conte évolue entre une
tradition orale ancestrale et un sens résolument contemporain, où l’intimité, l’environnement sonore et le rire permettent d’entendre le monstrueux, et d’aspirer à la liberté.
Mélancolie Motte